Matis... Cet homme, je l'ai d'abord détesté. J'ai détesté sa fierté, son humour noir, son sourire arrogant, ses belles paroles inutiles, son goût prononcé pour le whisky et les emphèt' et sa belle gueule de taulard. Les gens beaux, ça passe. Les gens conscients d'être beaux, ça me saoule. Et Matis, il en a fait partie. J'ai toujours su d'où il venait cet homme... Il était comme tous les autres. Il était comme tous ces hommes, fraichement sortis de prison, qui viennent se payer un verre au bar le plus proche. Banalement banal : c'était lui. La première fois que je l'ai vu débarqué, j'ai croisé son regard sans savoir que cette simple œillade allait changer ma vie à jamais. A cet instant, je ne savais pas que cet homme deviendrait celui avec lequel je passerais les prochaines années. Je ne savais pas que, malgré l'animosité que j'éprouvais d'abord à son égard, je finirais par l'apprécier et même par l'aimer. D'ailleurs, si je l'avais su, sans doute me serais-je tirer loin, très loin de cet homme qui ferait de ma vie un enfer. Et je pense qu'il en dirait autant à mon égard. Enfin bref... Environ quatre mois après notre première rencontre, je me laissais passer la bague au doigt. Prématuré ? Je vous le fais pas dire ! Mais putain ce que je l'aimais à cet instant. Lui, je ne sais pas vraiment... Peut-être ne m'a-t-il jamais vraiment aimé et jugeait-il simplement qu'il avait déjà perdu assez de temps derrière les barreaux. J'en sais rien... Mais le fait était là : il avait vint-six ans, j'en avais deux de moins et nous étions mariés, pour le meilleur et pour le pire. Manque de pot, le pire s'est confortablement installé et le meilleur n'a jamais pointé le bout de son nez. Moins de six mois après notre mariage, les disputes étaient devenues le quotidien de nos vies respectives. Et quand je dis disputes, je pense à cris, insultes et assiettes qui volent à travers la pièce. Et cet instant, on aurait sans doute dû réagir tout de suite... Mais allez donc parler à un homme dont les principales occupations sont musique, alcool, défonce et lecture. Et puis... Je savais que le divorce serait synonyme de ruine pour moi. Matis avait de quoi s'entourer des meilleurs avocats et savait se comporter comme le pire salaud que cette Terre aie engendré. Si je demandais le divorce, il ne m'épargnerait pas, je le savais. Seule option... Attendre qu'il souhaite la séparation... Pendant quelques temps, j'ai espéré. Puis, je lui ai fait vivre les pires horreurs, espérant ainsi l'aider dans sa décision. Rien n'y fit. Pourtant, il est loin d'être heureux, mais cette feignasse sans nom n'a aucune envie de se faire chier avec de la paperasse et répugne d'offrir son argent aux meilleurs avocats du pays. Alors voilà... Il se complait dans son malheur, aveugle à ma propre souffrance. Quel con... Un jour, il le regrettera.